Cave du Paradou CH - 1973 Nax - Valais

 

 

 

APERCU HISTORIQUE

 

Les archives communales nous permettent de constater que les familles de Nax possédaient des vignes en tout cas au 15ème siècle déjà.

C'est en effet, en 1478 que l'on y trouve le premier acte d'une vigne vendue à Grimisuat au vicaire de Nax. Par la suite, d'autres documents de ce type (achats, partages...) nous révèlent que les Naxards possédaient leurs vignes sur la rive droite du Rhône, notamment sur le territoire des communes de Lens, de Granges, d'Ollon et d'Ayent.

Ces mêmes archives, qui mentionnent en outre l'existence d'un pressoir à Nax en 1510, nous apportent le témoignage que les Naxards ont toujours élevé leur propre vin.

Il n'y a cependant pas eu de vignes sur le territoire de notre commune avant le milieu du 19ème siècle. Grâce aux documents de la même source et ci-après reproduit on sait que le vignoble de Pirrogière n'a été mis en culture qu'à partir de 1860.

 

GENESE DU VIGNOBLE D’ERBIOZ / PIRROGIERE SUR LE TERRITOIRE DE LA COMMUNE DE NAX

 

1. sans date (1859). Règlement de la Bourgeoisie de Nax concernant un partage de terrains à Erbioz, pour les cultiver en vignes. (v. Archives de la commune de Nax, P 134)

 

« 1°. La Bourgeoisie de Nax remet en partage aux bourgeois de cette commune sous les conditions ci-après, un mas de terrain situé à Erbioz joute au levant, la commune de Nax ainsi que du nord, du couchant le chemin d'Erbioz et du midi la propriété du Président Philippe Berthod.

2°. Ce terrain qui sera divisé en portions bourgeoisiales de la contenance de 80 perches fédérales devra être cultivé en vigne.

3°. Dans le terme de deux ans dès le partage les portions devront être défoncées et les murs construits : La troisième année au plus tard, elles seront plantées en vigne sur les deux tiers de leur étendue. Une commission sera chargée de constater l'état de culture des portions.

4°. Le terrain partagé sera clos d'un mur d'enceinte : La fourniture des pierres pour ce mur sera à la charge des propriétaires des portions qui bordent cette enceinte, la façon des murs à la charge de la Bourgeoisie.

5°. Les murs de soutènement qui n'ont pas 4 pieds de hauteur sont à la charge du tenancier qui se conformera aux prescriptions du code civil. Ce qui excède cette hauteur sera construit aux conditions mentionnées à l'article qui précède.

6°. Les tenanciers des portions du centre payeront une indemnité de deux francs par portion laquelle sera répartie par la commission aux tenanciers des portions qui joutent au mur d'enceinte et au mur de soutènement à titre de subvention pour la fourniture des pierres. La commission déterminera les portions qui pourront être exemptées de cette subvention.

    

Droit de la jouissance

  

7°. Pour avoir droit à une portion il faut être bourgeois, avoir un domicile réel et son principal établissement dans la commune, faire feu c'est-à-dire avoir un ménage séparé et supporter les charges plubliques.

8°. Le tenancier d'une portion ne peut pas la vendre; il peut avec l'assentiment du conseil bourgeoisial l'échanger contre une autre et l'hypothéquer jusqu'à concurrence de 100 francs pour le prix en être appliqué au défoncement.    

9°. Les portions sont héréditaires en ce sens qu'à la mort du tenancier elles reviennent à sa veuve en l'absence de celle-ci aux enfants restés en ménage commun et à défaut de ménage commun, à celui des enfants qui le premier remplit les conditions requises à l'article 7.

10°. S'il n'y a que des enfants mineurs ne tenant pas ménage, la portion sera administrée à leur profit jusqu'à ce que l'un d'eux se mette en ménage.

11 °. Un ménage ne peut jouir de deux portions.

12°. Les enfants qui seraient déjà en jouissance d'une portion à la mort de leurs parents n'auront pas droit à l'hérédité dont il est parlé à l'article précédent : ils peuvent cependant opter entre la portion dévolue et la leur quand il n y a pas d'autres héritiers appelés à la recueillir. Le même droit appartient aux ascendants à défaut de descendants.

13°. Les portions ne se transmettent pas dans les lignes latérales.

14°. Il sera ouvert un registre pour les bourgeois qui n'ont pas concouru au 1er partage et qui remplissent depuis six mois au moins les conditions requises à l'article 7, se feront inscrire. Ils prendront rang d'après la date de leur inscription et feront choix d'après leur ancienneté parmi les portions restées disponibles ou celles qui ont fait retour à la Bourgeoisie.

   

Perte de la portion

    

15°. Perd son droit à la portion au profit des héritiers mentionnés à l'article 9

a)  Le tenancier qui s'absentant pendant plus d'une année est absent de la commune.

b)  La veuve qui convole à de secondes noces.

c)  Celui qui ne s'est pas conformé aux conditions de culture ordonnées.

16°. La portion du tenancier qui n'a pas d'héritier prévu à l'article 9, fait retour à la Bourgeoisie.

17°. Dans le cas ou une portion mise en culture fait retour à la Bourgeoisie, celle-ci devra rembourser aux héritiers du tenancier les deux tiers des frais de défoncement si la portion est dévolue dans les dix premières années dès le partage; la moitié dès la l0ème à la 15ème année et un tiers de la 15ème à la 20ême.

Cette dépense devra être remboursée par le postulant auquel la portion sera dévolue.

18°. Un arrêté du Conseil fixera dans une année le prix moyen du défoncement d'une portion; Ce prix devra servir de base pour les indemnités futures. »

      
    

2. Ce document porte, au dos, une notice au crayon, à peine lisible;" adresser une demande à M. de Riedmatten pour que la commune soit autorisée à vendre les portions non cultivées et que ceux qui ont des portions cultivées soient autorisés à payer le montant de 15 ff pour que la propriété leur soit acquise à perpétuité. Le tout applicable au fond d'école qui est insuffisant »

Le M. de Riedmatten en question étant manifestement le conseiller d'Etat alors en charge (Antoine de Riedmatten, conseiller d'Etat du DI, de 1857 à 1869), j'ai consulté pour la période de sa fonction au DI, les protocoles des séances du Conseil d'Etat où j'ai trouvé la décision suivante: 18 février 1864. « La commune de Nax demande l'autorisation de vendre en toute propriété celles des portions de biens bourgeoisiaux au-dessus d'Erbioz, partagées il y a 3 ans, que les tenanciers n'ont pas mises en culture conformément au règlement: Elle demande aussi à pouvoir céder en toute propriété aux tenanciers respectifs moyennant 15 ff par parcelle, le fonds des portions partagées et mises en culture.

Le Conseil d'Etat n'admet ni l'une ni l'autre de ces demandes. »

    
    

3. Cette décision du Conseil d'Etat relève que les portions de biens bourgeoisiaux au-dessus d'Erbioz ont été partagés il y a 3 ans.
Cette précision m'a permis de mettre rapidement la main sur les décisions communales à ce sujet (v. Archives de la commune de Nax, « Protocoles bourgeoisiaux 1858-1869 », R3, pp.15, 18, 24, 25):

a) « Séance du conseil général de la commune de Nax du 23 8bre 1859 tenue à la maison commune de Nax sous la présidence de Michel Constantin, Président assisté de membres de son conseil et du secrétaire soussigné. Le Président propose à l'assemblée défaire nommer une commission pour oppérer le partage des communaux de Pirrogiery sis au-dessus du chemin d'Erbioz jusqu'au chemin au-dessous de la Croix de Pirrogiery et jusqu'à la propriété du midi du Président Philippe Berthod de Vernamiège. La commission nommée aura à s'entendre aupré du Conseil d'Etat pour voir si le partage ne pourra pas avoir lieu entre tous les communiers tenant feu rière la commune de Nax et que cela puisse rester leur propriété réelle et quelle puisse l'hériter par dessendant, au moyen que ceux qui prendraient part au dit partage payeraient à la commune de Nax une taxe, soit une certaine valeur pour être placé en fond pour la construction d'une maison d'école séparée à Nax. Furent nommé de la commission MM. le Juge Eugène Bruttin de Bramois, le Conseiller Alphonse Solioz et le Capitaine Romain Constantin. La commission nommée devrat mettre toute sa diligence pour mener le partage a bone fin, et qu'il puisse avoir lieu au moins pour le premier janvier prochain pour le tirage au lot. Enfin la commission ce referera toujours au Président de la commune, celui ci au conseil et à l'assemblée générale des votans du resultat du travail de la commission ainsi fait et délibéré en conseil général au jour lieu que sus. »

b) «Séance du conseil général des Bourgeois de la commune de Nax du 18 Xbre 1859 tenue à la maison commune de Nax, sous la Présidence du Président Michel Constantin assisté des membres du conseil tous présent à l'exception du Juge Philippe Largey absent et du secrétaire soussigné dit conseil général de cette commune fut convoqué par voie des publications ordinaire sur la place des Criées sous date du 11 du courant par le secrétaire du conseil à l'effet de la réunion ce jourdhui pour faire comme d'usage la nomination des procureurs de la commune Bourgeoisiale et ensuite pour délibérer sur les arrêts du partage des communaux que la commune de Nax donne en partage aux communiers résidentaires de la commune de Nax au lieu dit a Erbioz et Pirrogiery et de la manière que dits arrets doivent être exécutés. Les arrets sur le partage susmentionné ont été soumis à l'assemblée au nombre de vingt articles quelle les a approuvés a l'unanimité... »

c) « Séance du conseil de la commune de Nax du 21 février 1860... Ensuite le conseil ayant fait la nomination de deux membres pour aller demander au forestier cantonal le permis de vente et de coupe des forêts au-dessus du Creux de Nax, joute du levant le dévaloir dit Sablo Roux, du midi les communaux de Bramois ainsi que de celle qui ce trouve du levant du dévaloir du ... (Rana l'Enoz ?), le motif qu'il motivera faire cette demande auprès du forestier cantonal est celui que la commune a beaucoup de frais a faire pour la construction du Battiment de la classe primaire et la façon des murs d'enceintes et de soutenement des portions partagées à Erbioz, pour les rendres en culture de vigne. Furent nommés pour cette commission MM. le Président Michel Constantin, le Juge Largey. 
Ainsi fait et délibéré au jour lieu que sus et dit ».

Tous ces procès-verbaux sont signés du Président Michel Constantin et du secrétaire Romain Constantin.

N.B. Les transcriptions respectent l'orthographe; seules quelques ponctuations ont été corrigées pour faciliter la lecture..

   
4. Conclusion. Le vignoble de Pirrogière, assez exactement la partie en amont de la route carrossable actuelle, a été mis en culture dès 1860.
   
11 mars 1996/jmb
   
Source: Commission communale d'encépagement du vignoble
Nax, 1996

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