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PAUL VETTER
Sept kilomètres d'une
route sinueuse. Durant la première moitié du trajet, on circule au coeur des vignes qui surplombent Bramois. Dès l'altitude de 850 mètres, les arbres prennent le dessus.
Des pins, des mélèzes... On a bien de la
peine à croire que l'on va visiter une cave.
Dame! Nax
n'est pas la commune viticole la
plus réputée du canton. C'est pourtant là - quelques
virages avant le village tout de même - que se trouve la Cave du Paradou, un nid d'aigle
qui domine le Valais central. Nous y avons
rendez-vous avec Augusto Magallanes, l'un des associés, celui qui
travaille la vigne et vinifie.
Heureux hasard
Son nom l'indique, son
accent le confirme. Le teint mat
d'Augusto Magallanes n'est pas uniquement dû aux heures passées en plein
soleil
à bichonner ses ceps de vignes. Né au Pérou, il est arrivé en Suisse en 1989.
«J'avais un diplôme
d'économie. Je suis venu en Suisse pour
parfaire ma formation. J'ai fait une année de hautes études commerciales à Lausanne.
Alors que j'accomplissais un stage dans un bureau, je me suis dit
que cette vie n'était pas pour moi», explique-t-il. C'est
finalement le hasard qui le
conduit dans les vignes.
Par des amis, il fait
la connaissance de celui qui est
aujourd'hui son associé, Jean-Laurent Spring. Cet ingénieur agronome, aujourd'hui chercheur à la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil, a le statut de propriétaire-encaveur.
Il possède des vignes dans la région
de Nax.
«Je lui ai donné quelques coups de main. J'ai appris à
travailler la vigne et à vinifier avec
lui»,
précise Augusto Magallanes qui s'inscrit
ensuite à Changins où il obtiendra son diplôme
d'oenologie.
En 1994 naît la cave
du Paradou. Rapidement,
le vignoble de la famille Spring est agrandi pour atteindre les quatre hectares travaillés
aujourd'hui. La majorité des parcelles sont situées sur la commune de Nax, le quart restant étant éparpillé dans
les régions d'0llon, Flanthey et Ayent.
«Nous y cultivons 25 cépages et proposons 29 vins différents à notre
clientèle», confie le patron.
Un éclectisme qui doit
sûrement beaucoup au statut de chercheur de son associé puisque la plupart des cépages nés à la station de Changins sont présents:
diolinoir, gamaret, garanoir, carminoir, doral. Ils y côtoient aussi bien les classiques valaisans - fendant,
pinot noir, arvine ou
humagne rouge - que des variétés plus internationales comme le viognier, le chardonnay,
le païen, le merlot ou la syrah. Les plus tardives
ont été plantées sur la rive droite. Les autres
occupent le vignoble communal qui trouve en Augusto Magallanes un ardent défenseur.
«Nous sommes sur la rive gauche, mais l'orientation
est assez semblable à celle de Visperterminen. C'est aussi le cas des
sols très secs. Ils conviennent notamment très bien au païen», estime-t-il.
Des vins reconnus
Le vignoble de la Cave
du Paradou a été en grande partie
reconstitué assez récemment.
«La majorité de nos ceps sont âgés d'une dizaine
d'années. Mais en limitant bien la récolte, ce paramètre
a moins d'importance. Autrefois, les vieilles vignes donnaient de
meilleurs vins simplement parce qu'elles produisaient moins.»
Les vins de la Cave du
Paradou, vendus à prix très doux,
ont déjà obtenu de nombreuses
récompenses dans les concours, en Suisse ou à l'étranger. Couvertes de diplômes, les parois du petit carnotzet en
attestent. Nobilis, Expovina, Concours National, Mondial du Pinot Noir ou
Mondial de Bruxelles…
Il faudra bientôt
agrandir ! |
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Une
syrah de niveau mondial
La syrah
constitue le fer de lance de la Cave du Paradou. Après deux médailles d'or,
la syrah 2005 a fait encore mieux au Concours mondial de Bruxelles puisqu'elle
en est revenue parée d'une Grande
médaille d'or. C'est dire que les jurés lui ont attribué une note
supérieure à 96 points sur 100.
Homme réservé et modeste, Augusto Magallanes ne fait pas cocorico pour autant.
Plutôt que de se lancer dans de grands discours, il préfère laisser parler le
vin. Et lui s'exprime sans retenue. Issue de raisins récoltés à 0llon et Ayent,
cette syrah ne fait pas dans la discrétion. Sa robe sombre aux reflets pourpres
attire les regards et ses fragrances de fruits noirs et d'épices font frétiller
les narines. En bouche, elle se révèle fraîche et harmonieuse, sans la lourdeur
qui constitue trop souvent l'apanage des vins bien mûrs. Cerise noire, myrtille,
cassis...
Le fruité est omniprésent, jamais masqué par la girofle, le poivre et les notes
finement toastées qui l'accompagnent. Un grand vin aux tannins bien enrobés qui
n'a retenu que le meilleur de son passage en barrique.
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